Une
politique de bon sens
Une des promesses les plus attendues du candidat
Chirac était celle de la réforme des retraites.
La voilà mise en application même si le Gouvernement
sait qu'il marche sur des ufs. En effet, expliquer
aux français qu'ils vont devoir travailler, voire
cotiser plus, et que cela est un progrès pour la
société n'est pas une mince affaire.
Lorsque
les organisations syndicales du secteur public parlent de
régression sociale, cela choque une bonne partie
des français, surtout les électeurs qui nous
sont plutôt favorables. Comment peut on parler de
régression à partir du moment où une
catégorie de salariés cotise moins longtemps
que d'autres ? Ces organisations auraient donc nécessairement
tort.
Mais
ce serait oublier que chacun est là pour défendre
son " fonds de commerce ". Les opposants à
la réforme estiment que faire cotiser les gens plus
longtemps est forcément une régression. Et
avec une objectivité toute relative, ils ont raison.
Heureusement,
le rôle du politique est de défendre l'intérêt
général et non une catégorie de personnes.
Et c'est là que la réforme est juste, puisqu'il
s'agit avant tout de pérenniser un système
voué pour l'instant à l'échec, et de
le pérenniser dans un esprit d'équité.
Chacun cotisera désormais pour la même durée,
et nous devrons dans le temps, parvenir à harmoniser
les systèmes de cotisations et de pensions.
C'est
ici que se trouve le progrès social : il s'agit que
des salariés ne soient plus avantagés par
rapport à d'autres. Car on sait bien qu'opposer les
français en les différenciant sur le traitement
qui leur est réservé n'apportera rien de bon.
Bien au contraire.
De
même, annoncer que nous devrons cotiser une année
supplémentaire en 2008 et une nouvelle en 2020, peut
choquer. Mais François Fillon ne fait que constater
une réalité évidente en rappelant une
fois de plus que l'enjeu est purement et simplement de sauver
un système. Alors là aussi, on pourra parler
de régression puisque l'on va devoir cotiser plus.
Et là, j'inviterai ceux qui crient au scandale à
un peu plus d'objectivité et surtout à pratiquer
cet exercice de calcul mental :
Depuis
vingt ans, la durée du travail est passée
de 40 à 35 heures hebdomadaires. A raison de 5 heures
par semaines, donc de 40 tous les deux mois, nous gagnons
six semaines de temps libre par an. Pour une durée
de cotisations de 40 ans, cela représente plus de
5 années de " gagnées ". Rajoutez
à cela la 5e semaine de congés payés
qui représente sur 40 ans, approximativement encore
une année en plus. Précisons enfin que depuis
20 ans la retraite est passée pour les salariés
de 65 à 60 ans.
Cessons
donc de regarder toujours le verre à moitié
vide mais regardons plutôt le verre à moitié
plein. Car l'exercice précédent compense,
je crois, les deux années de cotisations supplémentaires
qui n'interviendront qu'en 2020, date à laquelle
l'espérance de vie aura encore progressé de
4 ans !
Ainsi,
l'on peut voir que dans chaque réforme, tout est
une question d'appréciation des faits, mais que le
politique est là, comme le fait François Fillon,
pour favoriser le dialogue et l'intérêt de
tous.
Laurent
Hamon.
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